Dans la continuité des politiques coloniales, les politiques internationales en santé publique se sont historiquement construites dans une triple approche sanitaire, économique et socio-politique.
Dans le cadre de la première, a prévalu, des années 1950 à nos jours, une démarche épidémiologique globale, omnipotente et omnisciente, sans enracinement local auprès des sociétés et des individus, de leurs modes de vie et systèmes de croyance. Ses effets négatifs, immédiats et de long terme, sont tout autant à mesurer sur le plan sanitaire, psychologique et épidémiologique, que sur le plan social et politique dans de si nombreux Etats défaillants.
Pour la seconde, la santé humaine et animale est un marché dont l’ampleur n’a cessé de croître avec la démographie et les investissements publics et privés. Sur cette question de vie ou de mort, la « main invisible du marché » se heurte à l’éthique, individuelle et collective, mais se joue des rapports de force économiques et des stratégies de survie pour maximiser ses profits individuels, quoi qu’il en coûte pour la collectivité.
Pour la dernière, l’ambivalence d’une approche salvatrice, missionnaire ou humanitaire, s’est poursuivie, sur la même période, en s’adaptant aux différents avatars des politiques de contrôles des territoires et de leurs richesses, naturelles comme humaines. Des empires européens aux indépendances, en passant par les empires américano-soviétiques, les jeux de pouvoir évoluent, en métastases dans bien des cas, mais se
ressemblent toujours.
Au regard des situations les plus actuelles, comme lors de la crise du Choléra en Haïti de 2010 à 2018, et des situations historiques antérieures, comme dans le Cameroun des années 1950, est-il aujourd’hui possible de faire un pas de côté pour tirer les leçons de nos échecs et construire un nouveau paradigme sanitaire, politique et social ?
Les débats seront animés par :
- Pr Renaud PIARROUX, Professeur de Parasitologie-Mycologie, Chef du Service de ParasitologieMycologie La Pitié-Salpêtrière (Paris), spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, est mondialement reconnu pour son expertise du choléra. Il est membre de la Global Task Force On Cholera Control (OMS) et conseiller de l’UNICEF et du Ministère de la Santé et des Population (Haïti) sur la gestion de l’épidémie de Choléra.
- Philip ALSTON, Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits humains depuis 2014, il enseigne le Droit à la Faculté de Droit de l’Université de New York où il co-dirige la Chair Droits Humains et Justice Globale.
- Guillaume LACHENAL, Maître de Conférences en Histoire des Sciences à l’Université Paris Diderot. Il étudie l’histoire et l’anthropologie de la biomédecine en Afrique. Il est coordinateur du projet MEREAF «Mémoires et restes de la recherche médicale en Afrique», une exploration anthropologique et archéologique des ruines et des souvenirs associés au passé dans les institutions médicales africaines. Depuis 2015, Il est président du comité scientifique des sciences sociales et de la santé publique de l’Agence nationale de la recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS).
L’atelier est accueilli à la Faculté de Médecine, Aix-Marseille Université, dans le cadre d’un partenariat avec l’unité de recherche SESSTIM.
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Et pour ceux qui ne sont pas à Marseille, pour la première fois cette année, nous expérimenterons une retransmission en direct de cet atelier :
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